Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 56 )

qu’une idée ; chaque idée distincte est, dans cette langue, représentée par un mot distinct.

Or, en supposant même, ce qui n’est point, que chaque caractère hiéroglyphique égyptien fût le signe d’une idée, et qu’on eût attaché invariablement à ce signe la prononciation ou le mot qui, dans la langue égyptienne parlée, exprimait cette même idée, on expliquerait ainsi assez bien pourquoi un grand nombre de ces signes, employés phonétiquement dans la transcription des noms propres étrangers, se permutent et s’échangent sans cesse : mais il serait toujours impossible de comprendre pourquoi, dans le courant des textes, hors des noms propres étrangers, là où ces mêmes caractères seraient employés avec leur valeur idéographique, un certain nombre de ces signes se permuteraient encore et se mettraient indifféremment les uns à la place des autres, puisque alors ils exprimeraient des idées essentiellement diverses.

Pour comprendre ce fait bien remarquable de la permutation continuelle des mêmes signes, et dans les textes regardés comme entièrement idéographiques, et dans les noms propres grecs et romains, nous sommes donc en quelque sorte conduits forcément à croire que, dans le corps des textes, ces signes ont une valeur phonétique comme dans les noms propres, puisque, employés dans ces textes, rien n’indique d’ailleurs en eux un changement de nature.

Mais, avant de prouver la certitude de cette conclusion inattendue, par des applications de l’alphabet