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Mais une foule de monumens de tous les ordres viennent à notre secours pour décider cette question préliminaire autrement que par de simples considérations. Les faits parlent d’eux-mêmes, et j’ai acquis la conviction que les cartouches sculptés sur tous les monumens égyptiens connus, soit du premier, soit du second, soit du troisième style, indiquent, non pas que les caractères qui y sont contenus sont d’une nature phonétique, mais qu’ils renferment, quelle que soit d’ailleurs la nature graphique de ces caractères, des noms de rois, de reines, d’empereurs, d’impératrices, en un mot de personnages qui ont exercé des droits de souveraineté sur l’Égypte. Le cartouche ou encadrement en forme d’ellipse est donc un signe de suprématie politique, et non pas un signe graphique.

Les noms hiéroglyphiques de personnages privés sont tous, au contraire, écrits simplement en ligne courante dans les textes, sans aucune distinction qui se rapporte à la nature même des caractères qui les expriment ; et comme il n’existe point de monument égyptien, temple, obélisque, bas-relief, stèle, statuette, statue, colosse, figurine en bois ou en terre émaillée, vase funéraire, manuscrit, &c., qui ne porte des noms de souverains, et bien plus souvent encore des noms de simples particuliers, écrits en hiéroglyphes, on ne sera point étonné d’apprendre que mon recueil de ces noms s’élève déjà à plusieurs centaines : il sera donc très facile de les distinguer, et non moins facile d’établir que les noms hiéroglyphiques de simples par-