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raons[1], c’est-à-dire près de 3400 ans avant l’époque présente, la Nubie était habitée par un peuple parlant la même langue, se servant de la même écriture, ayant la même croyance, et soumis aux mêmes rois que les Égyptiens.

Mais, depuis Soleb jusque vers le quinzième degré de latitude boréale, toujours plus au midi et en remontant le Nil, dans l’ancienne Éthiopie, et sur un espace de plus de cent lieues, sont dispersés une foule d’autres grands monumens qui tiennent à très-peu de chose près au même système général d’architecture que les temples de la Nubie et de l’Égypte. Ils sont également décorés d’inscriptions hiéroglyphiques, et représentent des dieux qui portent en écriture sacrée les mêmes noms et les mêmes légendes que les divinités sculptées sur les temples de l’Égypte et de la Nubie. La même analogie existe dans les titres et dans les formes des légendes royales ; mais les noms propres des rois inscrits sur les édifices de l’Éthiopie, en caractères hiéroglyphiques phonétiques, venus à ma connaissance, n’ont absolument rien de commun avec les noms propres des rois égyptiens mentionnés dans la longue série chronologique de Manéthon. Aucun d’eux ne se retrouve non plus, ni sur les monumens de la Nubie, ni sur ceux de l’Égypte.

Il résulte de cet état de choses, établi par l’examen des nombreux dessins de monumens de l’Éthiopie rapportés par notre courageux voyageur M. Cailliaud, qu’il

  1. Suprà, pag. 239 et pag. 245.