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en Afrique, en Asie, en Europe, comme en Amérique, et, en faisant l’application aux grands monumens de l’Égypte, il trouve, par exemple, sur le portique du grand temple de Dendéra, une traduction du centième psaume de David, composé pour inviter les peuples à entrer dans le temple de Dieu[1].

On est même allé plus loin : non contens de supposer que les monumens de l’Égypte exprimaient des séries d’idées tout-à-fait semblables à celles que renferment les textes sacrés des chrétiens et des juifs, d’autres ont cru découvrir que tous les hiéroglyphes, considérés comme de simples lettres, n’exprimaient encore que des mots hébreux[2]. Le simple bon sens veut cependant que, si les textes égyptiens expriment des prononciations, leur lecture nous donne des mots égyptiens et non des mots hébreux, chaldéens ou arabes.

Toutes ces aberrations, tous ces vains systèmes, ont eu pour cause première la prétention de parvenir à l’intelligence des hiéroglyphes, sans se donner souvent même la peine de savoir si les Égyptiens n’avaient pas une langue propre, et s’il ne restait point des débris de cette langue égyptienne dont les mots et les tournures devaient nécessairement être exprimés dans les textes hiéroglyphiques, si ces textes tenaient par hasard à un système phonétique. La connaissance de cette

  1. De l’Étude des hiéroglyphes, t. IV, pag. 23, 27 et suivantes.
  2. Essai sur les hiéroglyphes égyptiens. Bordeaux, 1821.