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caractères variés que présentent les inscriptions hiéroglyphiques. L’esprit inventif des auteurs suppléa bientôt au silence de l’antiquité ; et prenant chaque hiéroglyphe pour un symbole, on devina, à l’envi, le sens caché que chacun d’eux devait renfermer, en ayant égard, non pas à la forme même du signe ni à sa nature possible, mais bien seulement aux idées particulières qu’on voulait à toute force retrouver dans les inscriptions égyptiennes.

Dès ce moment les études hiéroglyphiques furent détournées de leur véritable direction, ou plutôt on ne s’y livra pas en réalité, puisque l’imagination prenait alors la place du raisonnement, et les conjectures celle des faits. Telle fût en particulier la méthode du jésuite Kircher.

Cet infatigable auteur de tant de longs ouvrages, s’abandonnant, je n’oserais dire de bonne foi, aux hypothèses les moins naturelles, et négligeant les plus simples élémens de la saine critique, prétendit reconnaître, dans les textes hiéroglyphiques gravés sur les obélisques, les statues, les momies et les amulettes de style égyptien, toute la science cabalistique et les rêveries monstrueuses de la démonomanie la plus raffinée : c’est ainsi, par exemple, que le cartouche qui, sur l’obélisque Pamphile, renferme tout simplement le titre Ⲁⲟⲧⲕⲣⲧⲣ (Αυτοκρατωρ)[1], l’Empereur, en caractères phonétiques, exprime emblématiquement,

  1. Gravé dans ma Lettre à M. Dacier, pl. III, n.o 70 a.