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les uns des qualités morales, soit propres à Dieu, le principe de toutes choses, soit communiquées à l’homme par la divinité même ; et les autres, des qualités ou des phénomènes physiques. On peut dire que les images des dieux exposées dans les sanctuaires des temples, et ces personnages humains à tête d’animal, ou ces animaux avec des membres humains, ne sont que des lettres de cette écriture cachée des anaglyphes, si l’on peut tout-à-fait donner le nom d’écriture à des tableaux qui n’expriment que des ensembles d’idées sans une liaison bien suivie. C’est probablement dans ce sens que les prêtres d’Égypte donnaient à l’ibis, à l’épervier et au schacal, dont ils portaient les images dans certaines cérémonies sacrées, le nom de lettres [γραμματα][1], comme étant de véritables élémens d’une sorte d’écriture allégorique.

On conçoit en effet comment ces images, ou plutôt ces symboles, élémens combinés et rapprochés selon certaines règles, produisaient une série de scènes, et cachaient, sous les apparences les plus bizarres, le système cosmogonique, la psychologie et les principes fondamentaux de la croyance et de la philosophie des Égyptiens. Les initiés devaient nécessairement attendre des prêtres seuls l’intelligence de ces tableaux énigmatiques, si multipliés dans l’intérieur des temples et des hypogées, mais qui se distinguent sans peine des bas-reliefs et des peintures représen-

  1. Plutarque, Traité d’Isis et d’Osiris.