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système sacré, le plus compliqué des trois, était étudiée et comprise par la partie la plus distinguée de toutes les castes de la nation, loin d’être, comme on l’a dit si souvent, une écriture mystérieuse, secrète, et dont la caste sacerdotale se réservait la connaissance, pour la communiquer seulement à un très-petit nombre d’initiés. Comment se persuader, en effet, que tous les édifices publics fussent couverts intérieurement et extérieurement d’une quantité innombrable d’inscriptions en caractères sacrés, si ces caractères n’étaient compris que par quelques adeptes ? Les monumens élevés par la piété des simples particuliers, les stèles funéraires, les cercueils des momies, les enveloppes mêmes des plus pauvres d’entre elles, portent des légendes hiéroglyphiques, et des caractères de ce genre se montrent sur les ustensiles employés aux usages même les moins relevés, sur les ornemens du métal le plus précieux et du bois le plus commun, sur des amulettes de riche matière, et sur les amulettes de terre cuite sans émail : ainsi tout concourt à démontrer une connaissance très-générale de l’écriture hiéroglyphique parmi les individus aisés de toutes les castes de la nation égyptienne.

125. L’étude elle-même de ce système d’écriture ne dut présenter, dans les temps anciens, que bien peu de difficultés. Les caractères figuratifs n’exigeaient certainement aucun travail d’esprit ; il suffisait de les regarder pour saisir aussitôt leur valeur : le principe des caractères phonétiques (suprà 83) était si simple,