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la multiplicité même de leurs signes phonétiques. On sait d’ailleurs que les Chinois profitent, avec un égal avantage et d’une manière analogue, de leurs caractères hîng-chîng (suprà 69) employés, sous certaines conditions, à la transcription des noms propres et des mots étrangers à leur langue. Ces caractères, qui n’expriment alors qu’un son seulement, emportent avec eux, si on les prend dans leur sens figuratif, une idée en bonne ou en mauvaise part.

91. La tendance générale du système hiéroglyphique égyptien, quoique composé de trois ordres de signes essentiellement différens dans leur mode d’expression, semble donc avoir été de peindre, soit les objets des idées, soit les mots qui en sont les signes oraux, de manière à présenter le mieux possible, au propre ou au figuré, l’image même de ces objets ou celle de leurs qualités distinctives. Il dut résulter nécessairement de cette tendance, que certaines règles présidèrent, comme on vient de le voir, à la notation des sons des mots par le moyen de caractères-images. On dut donc choisir certains caractères phonétiques dans la table des homophones, et de préférence à tous les autres, pour les affecter plus particulièrement à la représentation des voyelles ou des consonnes de certains mots ; et de l’habitude contractée d’écrire tel ou tel mot par tels caractères phonétiques plutôt que par d’autres, il arriva qu’on put, sans de grands inconvéniens, et dans le but de rendre l’écriture plus expéditive, se contenter de tracer, soit le premier,