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tels que ⲙⲛ et, avec, ⲙⲛⲧ attribution, ⲣⲙ habitant, ⲥⲛⲧ créer, ⲧⲙ fermer, ⲥⲧⲙ entendre, ⲛⲧⲕ toi, &c ; d’autres mots enfin y sont écrits avec plusieurs voyelles différentes, sans que leur sens en soit aucunement modifié.

89. Tels sont les divers points de vue sous lesquels l’observation d’une série de faits positifs nous montre la troisième classe de caractères employée dans l’écriture sacrée des Égyptiens. L’admission des signes phonétiques compléta ce système ; et si quelque chose d’inhérent à ce même système peut encore étonner notre raison et se montre étranger à nos idées actuelles sur les écritures alphabétiques, c’est sans contredit le grand nombre seul de caractères très-variés que les Égyptiens employèrent simultanément pour exprimer un même son.

C’est sur-tout à cette persistance bien remarquable des Égyptiens à n’introduire dans leur écriture, même pour peindre les sons, que des caractères images d’objets naturels (ce qui toutefois était bien conforme au principe fondamental de cette même écriture, suprà, 44, 47 et 48), qu’il faut particulièrement attribuer l’opinion erronée qui nous a été transmise presque unanimement par les auteurs anciens ; opinion d’après laquelle l’écriture hiéroglyphique égyptienne aurait été formée seulement de signes figuratifs des objets et de signes n’exprimant les idées que d’une manière symbolique ou énigmatique : telles sont du moins les données générales que les savans modernes peuvent retirer de