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dans les formes, les combinaisons et l’arrangement de leurs signes, aux légendes qui accompagnent, sur les derniers produits de l’art égyptien, les images des rois grecs et celles des empereurs romains. Ainsi, l’écriture hiéroglyphique égyptienne ne se présente jamais à nous que dans son état de perfection, quelque anciens que soient les textes dans lesquels nous pouvons l’étudier.

Parmi les monumens égyptiens connus jusqu’à ce jour, ceux qui remontent à l’époque la plus reculée[1], ont été exécutés vers le xix.e siècle avant l’ère vulgaire, sous la xviii.e dynastie, et ils nous montrent déjà l’écriture comme un art essentiellement distinct de la peinture et de la sculpture, avec lesquelles il reste confondu chez les peuples à peine échappés à l’état sauvage. L’écriture égyptienne de ces temps éloignés, étant la même que celle des derniers Égyptiens, il faut croire que ce système graphique était déjà arrivé à un certain degré de perfection absolue, puisque, pendant un espace de vingt-deux siècles à partir de cette époque, il ne paraît point avoir subi la moindre modification.

40. L’histoire de la formation du système hiéroglyphique ne peut donc être connue que par déduction ; et sans examiner maintenant si les Égyptiens ou leurs ancêtres, quelle que soit la contrée qu’ils aient habitée, se servirent primitivement d’une simple peinture, comme les peuplades de l’Océanique, pour ex-

  1. Voyez ci-dessus, chap. VIII.