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Si l’on voulait, avec son seul secours, perpétuer le souvenir d’un événement, on ne produirait jamais qu’un vrai tableau qui, fût-il dessiné par le crayon de Raphaël et colorié par le pinceau de Rubens, laissera toujours ignorer, soit le nom des personnages, soit l’époque, soit la durée de l’action, et ne donnera jamais à tout autre individu qu’à celui seul qui l’a composé, une idée complète du fait, la peinture ne pouvant jamais représenter qu’une manière d’être instantanée, et qui suppose toujours dans les spectateurs certaines notions préliminaires.

38. Les tableaux des Mexicains tiennent encore à cette méthode imparfaite ; mais quelque grossiers et incomplets qu’ils puissent paraître, il est certain qu’ils sont beaucoup plus que de la peinture, et qu’ils tendent déjà vers l’expression d’un autre ordre d’idées que celles des objets purement physiques.

39. Nous ignorons, et pour toujours selon toute apparence, quels furent dans ce prétendu genre d’écriture les premiers essais des Égyptiens. Il faudrait, pour obtenir quelques données sur ce point important, avoir sous les yeux des produits de l’enfance des arts en Égypte ; or, c’est ce qui n’est point. Les monumens qui subsistent encore sur ce sol antique, quoique fort antérieurs à tout ce que nous pouvons connaître de pareil en Europe, sont les résultats et d’une sculpture assez avancée et d’une architecture parfaite. Les bas-reliefs qui les décorent sont tous accompagnés de légendes hiéroglyphiques absolument semblables