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ces caractères images d’objets physiques, et qui couvrent les monumens publics et privés des Égyptiens de tous les âges, prouve d’abord l’emploi général de l’écriture hiéroglyphique dans toute la vallée du Nil ; fait soupçonner que cette écriture ne fut point jadis aussi difficile à apprendre que nous pouvons le croire, et sur-tout que ce système ne fut jamais réservé, comme on voudrait parfois le soutenir encore, à une petite fraction, à une classe privilégiée de la nation égyptienne. Clément d’Alexandrie ne nous dit-il point en effet que, même de son temps, ceux qui parmi les Égyptiens recevaient de l’instruction, apprenaient les trois genres d’écritures égyptiennes, l’épistolographique, l’hiératique et l’hiéroglyphique[1] ?

29. Nous devons croire en conséquence que le système hiéroglyphique reposait, en très-grande partie, sur des principes fort simples ; qu’il ne se priva point de l’emploi de caractères figuratifs des objets pour exprimer ces objets mêmes, et c’est en effet la première méthode qui s’offre à l’esprit de l’homme pour perpétuer le souvenir des choses ; qu’il recourut forcément à des caractères tropiques, mais qu’il parvint bientôt à se lier intimement avec la langue parlée, en s’accroissant d’un troisième ordre de signes d’une nature fort différente de celle des deux autres.

Ces diverses propositions seront développées et prouvées dans les paragraphes suivans.

  1. Stromates. Livre V, Chap. 4.