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formes géométriques est admis parmi les élémens de l’écriture sacrée ; les lignes droites, courbes ou brisées, des angles, des triangles, des quadrilatères, des parallélogrammes, des cercles, des sphères, des polygones, y sont fréquemment reproduits, et sur-tout les figures les plus simples.

4. Mais ce n’était point assez pour ce singulier système d’écriture, de s’être approprié, par une imitation plus ou moins parfaite, les formes si variées que l’homme observe dans la nature vivante, et celles que sa main industrieuse impose à la nature inerte ; l’imagination vint à son tour accroître les moyens d’expression, en créant une nombreuse suite de nouveaux caractères bien distincts de tous les autres, puisqu’ils présentent des combinaisons de formes que l’œil n’apercevra jamais dans le domaine de l’existence réelle. Ces images sont celles d’êtres fantastiques, et semblent pour la plupart n’être que les produits du plus extravagant délire ; et tels sont des corps humains unis aux têtes de divers animaux, des serpens, des vases même, montés sur des jambes d’homme, des oiseaux et des reptiles à tête humaine, des quadrupèdes à tête d’oiseau, &c.

5. Tous ces signes, de classes si différentes, se trouvent constamment mêlés ensemble, et une inscription hiéroglyphique présente l’aspect d’un véritable chaos ; rien n’est à sa place ; tout manque de rapport ; les objets les plus opposés dans la nature se trouvent en contact immédiat, et produisent des alliances monstrueuses : cependant des règles invariables, des combi-