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On a vu enfin que les titres royaux des anciens Pharaons, et les titres des empereurs romains, qui accompagnent leurs noms propres dans les inscriptions hiéroglyphiques, sont, pour la plupart, exprimés phonétiquement, ainsi qu’une foule de noms propres de simples particuliers égyptiens, grecs et romains :

J’ai donc dû conclure, et j’ai conclu avec toute raison, de ces faits si nombreux et si évidens, d’abord, que l’usage de l’écriture phonétique égyptienne, dont j’ai publié le premier l’alphabet dans ma Lettre à M. Dacier, remontait à l’antiquité la plus reculée ; et en second lieu, que le système d’écriture hiéroglyphique, regardé jusqu’ici comme purement formé de signes qui représentent des idées et non des sons ou des prononciations, était, au contraire, formé de signes dont une très-grande partie exprime les sons des mots de la langue parlée des égyptiens, c’est-à-dire de caractères phonétiques.

Ces mêmes conclusions me semblent désormais appuyées sur une assez grande masse de faits, pour oser espérer que le monde savant les adoptera bientôt malgré leur nouveauté. Ces faits détruisent, il est vrai, tous les systèmes avancés jusqu’ici sur la nature de l’écriture hiéroglyphique égyptienne ; ils frappent de nullité toutes les explications de textes ou de monumens égyptiens hasardées depuis trois siècles : mais les savans feront facilement, en faveur de la vérité, le sacrifice de toutes les hypothèses énoncées jusqu’ici, et qui sont en contradiction avec le principe fonda-