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lecture d’un seul autre nom, mais pas même à soupçonner, avec quelque espèce de raison, la nature phonétique d’un seul autre de ces noms ; tel, par exemple, que celui de Cléopâtre, de l’obélisque de Philæ transporté en Angleterre, et dont il a eu la copie long-temps avant moi, qui ne l’ai connue qu’à Paris par l’obligeance de M. Letronne. Et il devait en être ainsi pour M. le docteur Young, puisque, sur onze des caractères dont il a voulu assigner les valeurs, celles de huit d’entre eux sont inexactes ; ce qui explique encore assez clairement pourquoi, ni M. le docteur Young, ni aucun autre savant, n’a songé, durant trois années, à tirer le moindre parti de la petite série de signes présumés phonétiques, insérée par le savant Anglais dans l’Encyclopédie britannique dès 1819 : mon alphabet seul y a ramené et l’auteur et le public.

Je crois également que M. le docteur Young ne peut refuser de reconnaître aussi qu’au moment où je publie ce Précis du système hiéroglyphique, ses travaux ne nous ont fourni aucune lumière certaine, ni sur la constitution intime, ni sur l’ensemble de ce système d’écriture ; que nous ignorons encore les diverses sortes de caractères qu’elle emploie, sa marche et ses combinaisons ; qu’enfin, abstraction faite des signes figuratifs, nous n’avons aucune notion, précise du mode par lequel les groupes de caractères hiéroglyphiques dont M. Young peut croire avoir fixé la valeur[1], exprimeraient les

  1. Ces caractères et ces groupes hiéroglyphiques sont gravés dans