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Saté : quoi qu’il en soit, la connaissance du sens rigoureux de ce prénom n’importe point à la discussion présente.

Il n’en est pas ainsi du cartouche nom propre (n.o 111 b) : ses quatre premiers signes sont purement phonétiques, déjà connus, et se lisent sans hésitation Ⲁⲙⲛϥ, ce qui donne la voyelle initiale et toutes les consonnes du nom ΑΜΕΝΩΦ-ις que Manéthon nous dit être en effet le nom égyptien, le véritable nom du Pharaon que les Grecs ont confondu avec leur Memnon. Les deux caractères qui suivent sont un de ces titres qui terminent ordinairement les cartouches contenant les noms propres royaux ; dans certaines légendes d’Aménophis, ce titre, dont le sens est encore ignoré, manque, et ce cartouche ne contient que le nom seul Ⲁⲙⲛϥ (Aménof).

Cette coïncidence de l’orthographe du nom propre hiéroglyphique avec le Canon et la remarque de Manéthon, ne peut laisser aucune incertitude sur l’identité d’Aménophis et du roi égyptien dont la statue, appelée Memnon par les Grecs et placée dans la partie occidentale de la plaine de Thèbes[1], attira pendant fort longtemps la curiosité des Grecs et des Romains. Parmi les inscriptions grecques qui couvrent les jambes du colosse et qui attestent que leurs auteurs ont entendu la voix mélodieuse de Memnon, il en est une qui contient

  1. M. Langlès, dans ses notes sur le Voyage de Norden (Paris, 1795, in-4.o, tom. II, pag. 227), a réuni dans un savant mémoire les notions que l’antiquité nous a transmises sur Memnon.