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et concluant de ces monumens à tous les autres, on décidait, sans hésitation, que ces autres temples de la Haute-Égypte ne pouvaient appartenir à des temps bien antérieurs à l’ère vulgaire, renfermant ainsi toutes les époques de l’art égyptien dans l’intervalle d’un petit nombre de siècles.

Toutefois, on peut dire ici, sans risquer de trop s’avancer, que, malgré tant d’efforts renouvelés de part et d’autre, l’opinion des hommes instruits flottait encore incertaine au milieu d’assertions aussi divergentes.

Deux faits nouveaux, importans par leur certitude, sont venus enfin jeter quelque lumière sur une partie de cette grande question : les Recherches de M. Letronne sur les inscriptions grecques et romaines de l’Égypte, ont démontré qu’il y avait dans cette contrée des édifices de style égyptien et décorés d’inscriptions en hiéroglyphes, qui avaient été construits, en tout ou en partie, par des Égyptiens du temps de la domination des Grecs et des Romains ; et ma découverte de l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques a démontré plus directement encore la vérité de cette proposition, en nous faisant lire sur ces mêmes édifices égyptiens, les titres, les noms et les surnoms de rois Lagides ou d’empereurs romains.

Ainsi donc, il résulte des travaux de M. Letronne et des miens, que la première opinion, celle qui considère tous les temples de style égyptien comme antérieurs à Cambyse, doit être de beaucoup modifiée : on