Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.
( 173 )

donné à l’Europe savante une connaissance précise des monumens antiques de cette contrée, monumens sur le degré de perfection desquels on n’avait pu acquérir aucune idée exacte par les informes croquis de Paul Lucas de Pococke et de Norden, l’histoire même de l’art égyptien n’en est pas moins demeurée aussi incertaine qu’auparavant, parce que les époques de la construction de ces temples et de ces palais, époques qui devaient être les élémens premiers de la chronologie de cet art, ont été jusqu’ici complètement ignorées. Dans cette absence de documens positifs, les suppositions ont pris la place des faits, et l’on a cru pouvoir suppléer, par des conjectures plus ou moins ingénieuses, à des connaissances certaines qu’on ne devait attendre que de l’interprétation des innombrables inscriptions hiéroglyphiques gravées sur ces vénérables restes de la magnificence égyptienne.

Deux opinions contradictoires semblent se partager encore aujourd’hui le monde savant, sur l’antiquité plus ou moins reculée des monumens de l’Égypte. Toutes deux sont presque exclusives, et ne reposent en général, il faut le dire, que sur de simples considérations fondées sur des aperçus partiels dont l’exactitude peut être trop souvent contestée. On a dit que tous les grands édifices égyptiens, construits d’après les règles d’une architecture qui n’a rien de commun avec celle des Grecs ni des Romains, que tous les monumens de style égyptien et qui portent des inscriptions en écriture hiéroglyphique, devaient avoir été élevés