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Anubis, Osiris et Arouéris, que nous venons de reconnaître sur les monumens de l’Égypte, suffisent déjà pour établir que les anciens Égyptiens écrivirent avec des hiéroglyphes phonétiques les noms mêmes de leurs dieux, c’est-à-dire, les noms des êtres qu’il était le plus facile et même le plus convenable d’exprimer symboliquement, si leur écriture sacrée était aussi exclusivement symbolique dans ses élémens qu’on a bien voulu le croire jusqu’ici.

Il est toutefois vrai de dire, et cela importe beaucoup à la clarté de l’exposition des faits qui me restent à produire, que les Égyptiens n’écrivaient point toujours phonétiquement les noms propres des dieux dans les inscriptions hiéroglyphiques. J’ai reconnu, au contraire, qu’au lieu d’écrire en signes phonétiques le nom propre d’un dieu ou d’une déesse, ils représentèrent souvent, dans le contexte de l’inscription, ce dieu ou cette déesse même, orné de ses principaux attributs ; de la même manière qu’au lieu d’écrire phonétiquement les mots ⲣⲱⲙⲉ homme, ϩⲓⲙⲉ femme, ⲉϩⲉ bœuf, ⲃⲁϩⲥⲉ vache après un nom propre d’homme, de femme, de taureau sacré ou de vache sacrée, ils dessinaient simplement, comme on a pu le voir, les images d’un homme, d’une femme, d’un bœuf ou d’une vache.

Ces caractères hiéroglyphiques, qui ne sont que des représentations véritables de chaque dieu, tels que les Égyptiens les concevaient matériellement, doivent donc être considérés comme étant les noms figuratifs de ces dieux, et sont pour cela même les caractères qui