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ATHÔR ou HATHÔR.

(athôr, athyr, atar, aphrodite, vénus.)
Planche 17

Les auteurs Grecs ont mentionné parmi les déesses égyptiennes une divinité sous les noms d’Αθωρ (Athôr) et d’Αθυρ (Athyr). Jablonski, entraîné par l’esprit de systême, crut remarquer des rapports frappants entre Αθωρ et le mot égyptien EDJORH ou Adjôrh, qui signifie la Nuit. Il a voulu conclure de ce hasardeux rapprochement que la déesse égyptienne Athôr était la Nuit et le principe de toutes choses. Cette déesse est, en conséquence, placée à la tête de son panthéon ; ce savant a été conduit à cette détermination par un passage de Damascius, portant que, dans les livres égyptiens, on célébrait, par des hymnes sacrés, le principe unique de toutes choses, l’obscurité inconnue (Σκότος ἄγνωστον), l’obscurité au-dessus de toute intelligence (Σκότος ὑπὲρ πᾶσαν νóησιν[1]. Mais ce principe inconnu n’est autre que le grand Être Démiurgique, Ammon, dont le nom égyptien, comme l’a dit le grand prêtre Manéthon, signifiait occulte, caché, ou inconnu[2] ; et il n’est nullement question d’Athôr dans le passage de Damascius.

Cette déesse n’occupait point un rang aussi élevé dans les mythes sacrés de l’Égypte. Athôr ou Athyr fut assimilée par les Grecs à leur Aphrodite, la Vénus des Latins ; et nous savons, par d’anciens témoignages très-formels, que les Égyptiens donnèrent le nom de cette divinité au troisième mois de leur année[3] ; ce mois, dans les textes coptes ou égyptiens écrits en lettres grecques, est en effet appelé ATHOR en dialecte memphitique, et HATHOR en dialecte thébain ; ce qui détruit l’étymologie, et, par conséquent, le système entier de Jablonski sur la déesse Athôr.

Il est rare de trouver, dans les auteurs grecs, le nom de l’Aphrodite égyptienne, sans qu’il soit parlé en même-temps de la vache qui

  1. Damascius, cité dans le Pantheon Ægyptiorum de Jablonski, liv. I, chap. 1, pag. 19 et 20.
  2. Suprà, pl. I, explication.
  3. Orion, dans l’Etimologic. Magn. au mot Αθυρ.