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PHTAH-STABILITEUR.

 
Planche 16

On a pu remarquer dans les images du dieu Phtah, planches 8 et 10, cette sorte de sceptre divisé en bandes égales, peintes de couleurs variées, et terminé à sa partie supérieure par quatre corniches semblables à celles qui surmontent les portes et toutes les parties des édifices égyptiens. Ce sceptre n’est autre chose que l’objet figuré par le premier signe de la légende no 1 (planche 16), dont les Égyptiens ont déprimé la largeur, et exagéré arbitrairement la longueur (dans les fig., pl. 8 et 10), pour le placer en forme de sceptre entre les mains du dieu Phtah.

Cet objet est l’insigne et le symbole habituel de Phtah ; les savants ne sont nullement d’accord sur sa nature ; selon les uns, cet objet représente un autel ; selon d’autres, c’est un nilomètre. La première opinion est détruite par les monuments qui, offrant des formes d’autels infiniment variées, ne leur donnent jamais celle du symbole dont il est ici question, et qui se trouve, au contraire, placé derrière les statues des dieux auxquels il sert souvent de soutien[1]. Cet emblême fait l’office de colonne dans les chapelles qui, sur les peintures des momies, renferment les images des dieux[2] ; il décore le soubassement des trônes divins, soit seul, soit alterné avec la croix ansée et le sceptre à tête de Coucoupha ; enfin, on le trouve suspendu au cou des dieux et des animaux sacrés[3], ce qui ne convient nullement à un autel.

L’opinion de ceux qui veulent y voir un Nilomètre, présenterait un peu plus de probabilité ; et l’on pourrait considérer les divisions égales, différenciées par la couleur, qui couvrent toute la hauteur de cet objet symbolique, comme l’indication des coudées, ou mesures tracées également sur la colonne centrale du Mékias, ou grand Nilomètre de l’île de Raoudha. Quoi qu’il en soit, la valeur symbolique de cet objet, auquel nous donnerons provisoirement le nom de Nilomètre, jusqu’à ce que les monuments confirment ou condamnent cette dénomination, est très--

  1. Voyez ci-dessus planche 9 (numérotée 8, par erreur), et Descript. de l’Égypte, Ant., vol. II, pl. 73, col. 45 et 46.
  2. Suprà, pl. 2 bis.
  3. Description de l’Égypte, Ant., vol. II, pl. 75, col. 28 et 29. — Idem, MSS. hiératique, pl. 71.