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inscrite à côté des images de Thoth-Hiéracocéphale[1]. Elle accompagne toujours aussi, sur les monuments originaux, les divers emblèmes gravés sur notre planche 15 (B). Cette circonstance seule a suffi pour nous faire reconnaître ces divers globes ailés ou simplement combinés avec des uræus, et auxquels est souvent appendu le signe de la vie divine[2], comme les symboles directs du premier Hermès, puisqu’ils portent le nom et les titres du dieu lui-même.

Cette même légende appartient aussi constamment à l’épervier emblématique, reproduit sur notre planche 15 (C). Cet oiseau, dont les qualités physiques vraies ou supposées paraissent avoir singulièrement frappé les Égyptiens, fut, comme on a pu le voir, l’emblème vivant de plusieurs divinités ; et les coiffures, les insignes qui décorent sa tête, souvent même la légende seule qui l’accompagne, peuvent caractériser le dieu dont il devient le symbole. L’épervier du premier Hermès, reconnaissable au disque flanqué de deux uræus, qui, toute fois, ne distingue point toutes ses images, est habituellement reproduit tel que nous le présente cette planche, dans les décorations des frises ou des corniches des grands édifices de l’Égypte. Ainsi, parmi les sculptures de la frise du typhonium de Dendéra, l’épervier de Thoth trismégiste étend ses ailes et semble couvrir de leur ombre sacrée la légende hiéroglyphique du plus sage et du plus justement vénéré des empereurs, Antonin le pieux[3]. Chacun des deux cartouches formant cette légende est sous la protection de l’épervier de Thoth, qui semble le décorer de l’insigne de la victoire : le premier cartouche renferme le titre impérial ΑΟΤΟΚΡΤΡ ΚΕΣΑΡΣ pour Αὐτοκράτωρ Καῖσαρ l’empereur César, et le second est occupé par le nom propre ΑΝΤΟΝΙΝϹ pour Ἀντωνεῖνος Antonin. Le même épervier symbolique accompagne, sur la frise du grand temple d’Edfou (Apollonopolis magna), le cartouche prénom du roi Ptolémée Évergète II[4].

La reproduction si multipliée de chacun de ces différents emblèmes de Thoth, trouve un motif suffisant et une explication bien simple, dans le fait seul que ce dieu fut considéré par les Égyptiens comme l’instituteur de leur religion, de leur culte et de leur état social. Il était naturel que les temples où ils venaient adorer les dieux, présentassent de toutes parts l’image de celui qui les leur avait fait connaître ; que le symbole, enfin, du premier législateur fût exposé dans ces vastes palais où l’on rendait la justice, où se réglaient le sort des familles et les destins de la nation entière.

  1. Voyez notre planche 15, lég. no 1.
  2. Idem, pl. 15 (B), nos 1 et 2.
  3. Description de l’Égypte, A., vol. IV, pl. 33, nos 2 et 4.
  4. Idem, A., vol. I, pl. 57, no 1.