blent instruire ou honorer une femme coiffée de la partie supérieure du pschent[1].
Il est évident, par l’examen des monuments qu’on vient de citer, que le dieu à tête d’épervier partage toutes les attributions de l’Hermès égyptien à tête d’Ibis ; et si l’on considère aussi que les personnages instruits ou purifiés font toujours face à l’Hiéracocéphale, il devient certain que cette divinité est supérieure à l’Hermès Ibiocéphale ; et cette suprématie, comme cette analogie de fonctions, s’expliquent bien naturellement par le fait seul que les Égyptiens reconnaissaient deux Hermès parmi leurs divinités.
Cette distinction importante était positivement exprimée dans l’ouvrage de Manéthon, écrit par ordre de Ptolémée Philadelphe[2]. Ce grand-prêtre égyptien y parlait de Thoth le premier Hermès (Θὼθ ὁ πρῶτος Ἑρμῆς), qui, avant le Cataclysme, avait inscrit sur des stèles, en hiéroglyphes et en langue sacrée, les principes des connaissances, et composé ainsi les premiers livres sacrés, qui furent traduits, après le Cataclysme, en écriture hiérographique (hiératique) et en langue commune, par le fils d’Agathodæmon (ὁ δεύτερος Ἑρμῆς) le second hermès père de Tat. Ce passage de Manéthon confirme donc ce que j’avais déja déduit des monuments seuls, l’existence de deux Hermès. Cette même distinction est expressément établie dans les livres hermétiques, qui, malgré les jugements hasardés qu’en ont portés certains critiques modernes, n’en renferment pas moins une masse de traditions purement égyptiennes et constamment d’accord avec les monuments.
Dans le dialogue sacré d’Isis et d’Horus[3], qui contient l’exposition de tout le système cosmogonique et psychologique des Égyptiens, le premier Hermès est qualifié de trois fois grand ou trois fois très-grand (Τρισμέγιστος), de père et de directeur de toutes choses (Πατὴρ πάντων καὶ καθηγητὴς ) et d’historiographe des dieux (θεῶν ὑπομνηματογράφος). Ces titres donnés au premier Hermès sont, quelque magnifiques qu’ils puissent