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LE CYNOCÉPHALE,

EMBLÊME DE POOH, LE DIEU-LUNE.
Planche 14 (F)

Les rapports intimes que le système théogonique des Égyptiens établissait, comme le prouvent les monuments, entre le second Hermès, ou Thoth Ibiocéphale, et Pooh, ou le Dieu-Lune, nous sont encore signalés par l’identité des emblêmes communs à ces deux divinités. L’animal symbolique de Thoth, fut aussi celui du Dieu-Lune, et le cynocéphale se montre indifféremment paré des insignes propres à l’un ou à l’autre de ces personnages mystiques.

Horapollon dit expressément, en effet, que le cynocéphale représente la Lune[1] dans l’écriture sacrée, et il en donne pour raison, que cette espèce de singe est douée d’une certaine sympathie avec le cours de cet astre qui exerce sur lui une singulière influence : « Pendant la conjonction du Soleil avec la Lune, dit cet auteur, tant que ce dernier astre reste opaque et privé de lumière, le cynocéphale mâle ne voit point, se prive de nourriture, et, la tête tristement penchée vers la terre, il semble déplorer l’enlèvement (ἁρπαγήν) de la Lune ; la femelle du cynocephale est alors aussi privée de la vue, et éprouve non-seulement les mêmes effets que le mâle, mais encore est sujette à une perte de sang[2] à cette même époque. » Enfin, si nous voulons en croire le même écrivain, dont l’ouvrage renferme d’ailleurs de si précieux documents, les Égyptiens avaient coutume, à l’époque même où composa son livre, de nourrir des cynocéphales dans les hiérons, pour connaître le temps précis de la conjonction du Soleil et de la Lune[3]. Quoi qu’il en puisse être de cette singulière méthode d’observation, il est certain que le préjugé de l’influence lunaire sur certains animaux et sur l’espèce des singes en particulier, ne fut point seulement répandu en

  1. Horapollon, Hiéroglyph., liv. I, § 14.
  2. Ἐκ τῆς ἰδίας φύσεως αἱμάσσεται, idem, § 14.
  3. Horapollon, Hiéroglyph., liv. I, § 14.