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EMBLÊMES DE LA LUNE,

OU DU DIEU OOH, IOH, POOH, LE DIEU-LUNE.
Planche 14 (E)

L’image du Dieu-Lune, dans la planche précédente, reçoit, sur la stèle du musée de Turin dont on l’a extraite, les offrandes de deux personnages représentés dans le second compartiment de la stèle, agenouillés et élevant les mains en signe d’adoration. Les inscriptions hiéroglyphiques tracées à côté de ces deux individus, nous apprennent que la stèle entière n’est qu’une sorte de Προσκύνημα, ou d’Acte d’Adoration du Dieu Ooh-en-sou par le hiérogrammate d’Ammon Neb-rè, et par son fils qui l’aime, Aménémophi. Deux autres stèles, toujours d’un petit volume, offrent également des hommages à la même divinité ; mais la forme sous laquelle on l’adore, et le nom sacré inscrit à côté de l’image et dans le texte de la prière qu’on lui adresse, diffèrent essentiellement de tout ce que nous avons vu jusqu’ici.

À la place du dieu, on a sculpté la représentation de la Lune même, sous l’apparence d’un grand disque peint en jaune et combiné avec le croissant ; c’est la reproduction en grand de l’insigne caractéristique qu’on place sur la tête du dieu Pooh, de la même manière que le disque du Soleil repose sur la tête du dieu Phré, lorsque ces deux divinités sont figurées sous une forme humaine.

Dans ces deux stèles, le globe lunaire est porté sur une barque, symbole du mouvement de l’astre. Mais dans la première, les deux extrémités de la barque sont couronnées par une fleur de Lotus, tandis que la proue de la seconde est recourbée et se termine en pointe aiguë, particularité que je n’ai observée jusqu’ici que dans les Bari, ou vaisseaux mystiques consacrés à la Lune. Les deux barques reposent, non sur une image quelconque de l’eau, mais sur le caractère hiéroglyphique déja connu pour le signe figuratif du ciel[1] ; c’était une manière très-simple d’exprimer le cours ou la navigation de la Lune dans l’immensité des cieux.

  1. Précis du système hiéroglyphique, tableau général des signes, nos 234 et 234 a.