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périeure représente le dieu Pooh assis sur un trône richement décoré ; devant lui, est un autel chargé de pains arrondis, d’un vase contenant des mets consacrés, de diverses sortes de plantes, et d’un superbe bouquet de lotus lié avec des bandelettes de diverses couleurs.

Les insignes du dieu ne diffèrent point essentiellement de ceux qu’il porte déja sur notre planche 14 (A) ; la tunique seule est blanche sur le bas-relief de Turin ; le disque et le croissant sont aussi peints en jaune, et l’ornement qui retombe sur le devant du collier est d’une forme bien plus distincte. L’uræus, ou serpent, emblême de la puissance royale, est fixé au diadème qui ceint l’étroite coiffure du dieu, toujours de couleur noire.

Le nom du dieu reproduit sur notre planche est composé de quatre caractères, non compris le signe déterminatif d’espèce dieu, qui en indique la fin. Le premier est un disque entièrement noir sur la stèle, mais que j’ai retrouvé peint en jaune, ou bien strié, dans ce même nom divin inscrit soit sur des cercueils de momies, soit dans des manuscrits funéraires. D’autres circonstances, qu’il serait trop long de développer ici, me persuadent également que ce premier signe n’est qu’un caractère figuratif, une simple représentation du disque de la Lune que l’on peint en noir ou en jaune, et que l’on strie souvent encore, pour le distinguer du disque du Soleil, peint en rouge dans les inscriptions coloriées, ou figuré par un simple cercle dont l’intérieur est blanc, ou porte seulement un point noir à son centre dans les textes en hiéroglyphes linéaires.

Les trois derniers signes sont phonétiques, et répondent aux lettres coptes ⲛⲥⲟⲩ, de sorte que ce nom entier pouvait se prononcer Ooh-en-sou, ou Ioh-en-sou, suivant les dialectes ; il exprime bien certainement une phase particulière de la Lune, un des états du dieu ou de l’astre auquel il préside : si nous remarquons en effet que le second caractère est un signe de rapport répondant à la préposition de, il nous restera le mot ⲥⲟⲩ (sou) qui, dans tous les textes coptes, se place comme déterminatif devant les nombres exprimant le quantième des jours du mois. Ainsi ⲥⲟⲩ ⲃ ⲛⲁⲑⲱⲣ signifiait le second jour du mois d’Athôr ; et dans les différents dialectes de la langue égyptienne, les mots ⲥⲟⲩⲁ (soua), ⲥⲟⲩⲁⲓ (souai), et ⲥⲟⲩⲑⲑⲓ (souééi), exprimaient à la fois et le premier jour du mois, et la Néoménie ou Nouvelle Lune. Il est bien difficile de ne point reconnaître une étroite connexion entre la syllabe hiéroglyphique sou, qui termine le nom du Dieu-Lune, et le mot copte ⲥⲟⲩ appliqué aux subdivisions du mois, période calquée primordialement sur le cours de la Lune et ses diverses apparences.