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leur union et après la séparation du corps, soit aux différentes régions célestes dans lesquelles l’ame peut être envoyée, se divise en trois parties principales, ordinairement séparées par de grandes scènes peintes occupant toute la hauteur du manuscrit. La scène qui se trouve figurée entre la première et la seconde partie du Rituel funéraire[1], est divisée en trois bandes horizontales ; la bande supérieure représente la haute région du ciel occupée par l’image du Soleil répandant ses rayons sur les régions d’en-bas ; la troisième bande, est la région inférieure, la terre, et offre l’image du défunt assis, et recevant, pour l’ordinaire, les hommages de sa famille ; la bande intermédiaire est la partie du ciel située entre la Lune et la Terre, la demeure des ames, Ψυχῶν οἰκητήριον[2] ; on y a peint le dieu Pooh (la Lune) sous une forme humaine, élevant ses bras comme pour soutenir le disque lunaire placé sur sa tête. Cette divinité est toujours accompagnée de cynocephales, dont la posture indique le lever de la Lune[3], et souvent aussi d’oiseaux à tête et à bras humains dans une attitude de respect et d’adoration.

Ces oiseaux symboliques, formés d’un corps d’épervier et d’une tête d’homme ou de femme, étaient, chez les Égyptiens, les images sous lesquelles ils représentaient habituellement les ames dans les peintures emblématiques. Les témoignages de l’antiquité sont formels à cet égard[4] ; et s’il était besoin de nouvelles preuves, on pourrait citer le beau manuscrit hiéroglyphique acquis de M. Thédenat pour le cabinet des antiques de la Bibliothèque du Roi, manuscrit dans lequel on voit un de ces éperviers à tête humaine non barbue, perché sur un grand tas de blé devant de riches offrandes, et accompagné de la légende suivante en caractères sacrés Ⲃⲁⲓ (ⲟⲛϩ) ⲛ (ⲟⲩⲥⲓⲣⲑ) ⲧⲛⲧⲇⲙⲛ (ϩⲓⲙⲑ), Bai onh nousire tntamen l’Ame vivante de l’Osirienne Tentamon. On retrouve dans cette légende le mot bai qui, selon Horapollon, est le mot même dont se servaient les Égyptiens pour exprimer l’idée Ame[4].

Notre planche 14 (C), tirée de l’un des papyrus hiératiques publiés par la Commission d’Égypte, et reproduite avec les couleurs propres à chaque objet dans une foule d’autres manuscrits, nous offre donc les Ames adorant le dieu Pooh dans la zône céleste soumise à sa puissance.

  1. Voy. le grand mss. hiéroglyphique gravé dans la Descrip. de l’Égypte, Ant., vol. II, pl. 72.
  2. Dialogue d’Isis, déja cité.
  3. Voyez l’explication de notre planche précédente.
  4. a et b Horapollon, Hieroglyph., lib. I, cap. VII.