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PHTAH-SOKARI.

(phtha enfant, héphaistus, harpocrate.)
Planche 8

Hérodote et plusieurs autres écrivains grecs conviennent qu’une partie de leur religion nationale leur est venue, soit directement, soit indirectement, des Égyptiens ; à défaut même de cet aveu positif, il serait impossible, à mesure qu’on acquerra quelque document nouveau sur l’ancien culte de l’Égypte, de ne point reconnaître les nombreux emprunts que les instituteurs du culte des Grecs firent à celui des habitants de Thèbes et de Memphis. Nous avons déja vu que l’Athène Grecque, la Minerve des Romains, était une imitation de la Néith Égyptienne[1] ; des rapports non moins frappants existent entre Phtha, et l’Héphaistus Grec, ou le Vulcain des Romains.

Héphaistus, selon les mythographes Grecs, était fils de Zeus : et Phtha fut une émanation d’Ammon-Cnouphis, le Jupiter Égyptien. Héphaistus naquit tellement difforme que Héra, sa mère, honteuse d’avoir mis au jour un enfant si laid, le repoussa de son sein et le précipita dans la mer, selon le récit d’Homère ; dans une autre occasion, Zeus, irrité, lança hors de l’Olympe le jeune dieu, qui roula long-temps dans la vaste étendue des airs, et tomba enfin, en se brisant les jambes, dans l’île de Lemnos. Depuis cette époque, Hephaistus boîta des deux côtés, et ses deux jambes restèrent tremblantes et tortues, selon le même poëte. Le Phtah Égyptien, représenté nu et dépouillé des bandelettes ou de la tunique étroite qui le couvre ordinairement (pl. 9), se montre sous des dehors tout aussi défavorables que l’Hephaistus Grec ; et les monuments prouvent que ces fables grecques ne sont que des mythes Égyptiens corrompus.

Une foule de bas-reliefs, de peintures et de statuettes de terre vernissée, nous présentent le dieu Phtah sous la figure d’un enfant ou, plutôt, sous celle d’un nain difforme, ayant des traits irréguliers, le ventre enflé

  1. Voyez l’explication de nos planches 6 et 6 ter.