sous la forme d’un uræus : ce serpent, nommé aspic ou basilic par les Grecs, fut en Égypte l’emblème spécial de la souveraineté ou de la puissance royale : la coiffure qui couvre sa tête est la partie inférieure de la couronne pschent, symbole de la domination sur la région inférieure, soit du ciel, soit de la Terre. On trouvera dans l’explication de la planche 11 les preuves et le développement du sens que nous reconnaissons ici à cette fraction du pschent.
Le serpent sacré est dressé sur la partie postérieure de son corps, formant plusieurs replis et enroulements. Le haut du corps est considérablement dilaté ; et cette forme, quelque extraordinaire qu’elle puisse paraître, est motivée sur un fait réel : l’uræus, nommé aujourd’hui vipère HHayé en Égypte, possède en effet la singulière faculté de s’enfler la portion supérieure du corps, soit lorsqu’il s’irrite, soit lorsqu’il veut se dresser pour atteindre une proie.
L’uræus, animal sacré de la Junon égyptienne, est figuré avec le sceptre des dieux bienfaisants, et repose, comme la déesse Saté figurée dans la planche précédente, sur le signe symbolique de la domination, placé au-dessus de l’emblème de la région inférieure terrestre. Ce même reptile est toujours accompagné de la légende inscrite à côté de son image (planche 7 (B)), tirée des bas-reliefs coloriés du tombeau royal découvert par Belzoni. Les quatre premiers signes de cette légende forment le nom propre de l’animal sacré, nom féminin comme le prouve le dernier signe : le serpent, emblème de la déesse protectrice de l’hémisphère supérieur du ciel et de la partie supérieure de l’Égypte, est également un uræus femelle. Le reste de la légende liée à l’uræus de Saté, signifie dame du ciel, rectrice des dieux seigneurs : titres plus spécialement propres à la déesse qu’à l’animal sacré, son image symbolique.
Le bouquet de lotus, formant l’emblème de l’Égypte inférieure, est ici d’une couleur et d’une espèce qui diffèrent assez essentiellement de celui qui exprime la même idée dans la planche précédente ; mais cette différence d’espèce et de forme, soit de la plante, soit de la fleur seulement, ne porte aucune espèce de modification dans le sens de ces groupes. J’ai eu une foule d’occasions de me convaincre de leur parfaite identité.