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L’URÆUS,

EMBLÊME DU SATÉ.
Planche 7 (B)

Les Égyptiens, en créant leur système cosmogonique et religieux, semblent avoir cherché à établir une concordance très-suivie entre le monde intellectuel ou le ciel, et le monde physique ou la Terre. Ils ont dit que le premier instituteur de leur civilisation organisa la société humaine sur le modèle des formes qui régissent les êtres célestes ; de la même manière qu’en ordonnant le monde terrestre, l’agent du Démiurge avait imité le monde supérieur, autant du moins que la matière pouvait se prêter à une semblable reproduction. Il résulte de cette intention, qui se manifeste dans une foule de circonstances, que des emblèmes de certaines choses célestes s’appliquent également aux choses correspondantes dans le monde matériel, et réciproquement. De là vient aussi que les divinités dominatrices de certaines portions du monde intellectuel, gouvernent également les parties correspondantes du monde physique. Ainsi Saté, ou la Junon égyptienne, régissait à la fois l’hémisphère inférieur du ciel et la région inférieure de l’Égypte. Le nom symbolique de cette contrée terrestre, décrit dans l’explication de la planche précédente, n’a aucun rapport avec le groupe, signe spécial de la partie inférieure du ciel, gravé sur notre planche 30 (B), nos 2 et 3. On remarquera seulement que c’est, sans aucun doute, parce que la plume est le premier caractère de ce dernier groupe, que ce même objet se trouve figuré, comme insigne distinctif, sur la tête de toutes les images de la déesse Saté. Nous aurons l’occasion de montrer qu’un très-grand nombre de divinités ne sont reconnaissables sur les monuments égyptiens, qu’au seul caractère initial de leurs noms propres ou de leurs titres spéciaux, placé sur leur tête ou dominant les divers ornements de leur coiffure. Les représentations de Saté, reproduites dans ce recueil, offrent un exemple de cette singulière façon de caractériser les différentes divinités.

La planche 7 (B) contient un des symboles de Saté, considérée soit comme dominatrice de l’hémisphère inférieur du ciel, soit comme régente et protectrice de la région inférieure terrestre. La déesse est ici figurée