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SATÉ,

PRÉSIDANT À LA RÉGION INFÉRIEURE (LA JUNON ÉGYPTIENNE).
Planche 7 (A)

La divinité à laquelle nous donnons le nom de Saté, nom que les diverses attributions de la déesse confirment déjà, paraît avoir rempli une foule d’emplois dans l’organisation du monde mythique tel que les idées égyptiennes, exprimées sur les monuments, semblent nous le présenter. Fille du Soleil, le roi du monde physique, Saté paraît avoir été la protectrice des souverains de l’Égypte : la signification évidente d’une foule de bas-reliefs décorant les temples, les palais et les tombeaux, ne laisse aucun doute à cet égard. Il y a plus : Saté fut celle des divinités pour laquelle les pharaons de la dix-huitième dynastie montrèrent le plus de vénération, puisque son image même, devenue un caractère d’écriture figuratif-symbolique, entre dans l’expression de la plupart des prénoms ou noms mystiques des princes de cette antique famille dont le chef délivra sa patrie de la longue tyrannie des pasteurs : race illustre qui a produit les plus grands rois de l’Égypte, Mœris, vainqueur des étrangers et protecteur de la caste agricole ; Aménophis II, qui éleva des monuments de sa grandeur jusques au fond de la Haute-Nubie ; Ousiréi, qui orna la ville d’Ammon d’obélisques et d’immenses constructions ; enfin, Ramsès-Méiamoun, prince guerrier mais ami des arts, bisaïeul de Ramsès-Séthosis si connu des anciens sous le nom de Sesostris.

Sur les édifices de Thèbes, la plupart des légendes royales des princes de cette dynastie, sous laquelle l’Égypte atteignit à sa plus haute période de civilisation, de puissance et de gloire, sont placées sous la protection de Saté, ou environnées de ses emblèmes. Ainsi, dans les bas-reliefs peints de la catacombe royale découverte par Belzoni, les cartouches contenant le prénom et le nom du pharaon Ousirei, flanquent une belle image de la Junon égyptienne étendant ses ailes immenses, et accompagnée de l’inscription hiéroglyphique, Saté déesse vivante, fille du Soleil, dame du ciel et du monde, rectrice de la région inférieure, protectrice de son fils le seigneur du monde, le roi, etc., enfant du Soleil Phtah-men-Ousiréi[1]. La déesse couvre aussi de ses ailes la légende du même prince[2], recevant le titre de son fils chéri dans les inscriptions qui accompagnent ailleurs la déesse Saté, décorée elle-même des qualifications :

  1. Voyages, Recherches et Découvertes de Belzoni en Égypte et en Nubie, atlas, pl. 3.
  2. Idem, même planche.