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NÉITH GÉNÉRATRICE.

(athène, physis, minerve.)
Planche 6 ter

Selon les débris de la doctrine égyptienne, épars dans les écrits des derniers Platoniciens et dans les livres hermétiques, la déesse Néith, ou la Minerve égyptienne, ne formait qu’un seul tout avec le démiurge Amoun, à l’époque même qui précéda la création des ames et celle du monde physique. C’est en la considérant dans cet état d’absorption en l’Être premier, que les Égyptiens qualifièrent Néith de divinité à la fois mâle et femelle. Le monde étant composé de parties mâles et de parties femelles[1], il fallait bien que leurs principes existassent dans le dieu qui en fut l’auteur. Aussi, lorsque le moment de créer les ames et le monde arriva, Dieu, suivant les Égyptiens, sourit, ordonna que la nature fut, et, à l’instant, il procéda de sa voix un être femelle parfaitement beau (c’était la nature, le principe femelle, Néith.), et le Père de toutes choses la rendit féconde[2]. On retrouve dans cette naissance de Néith, émanation d’Ammon, la naissance même de l’Athène des Grecs, sortie du cerveau de Zeus.

Notre planche représente Néith, mâle et femelle, la déesse Ἀρσενόθηλυς d’Horapollon[3]. La tête centrale de femme est celle même de la déesse (voyez pl. no 6.), surmontée de la coiffure pschent, emblême de la domination sur les régions supérieures et inférieures ; la tête de gauche est celle d’un vautour, symbole de la maternité et du principe femelle ; et celle de droite, qui est une tête de lion, caractérise la force. Proclus nous apprend, en effet, que Néith était regardée par les Égyptiens, comme la force de la nature qui meut tout[4]. La déesse étend ses bras auxquels sont attachées deux ailes immenses, ce qui caractérise parfaitement encore la Minerve égyptienne, qui, selon Athénagore, était un

  1. Horapollon, liv. I, no 12.
  2. Hermès, liber sacer, apud Joan. Stos., Eclog. lib. I.
  3. Horapollon, liv. I, no 13.
  4. Proclus, in Timæum. — Plat., p. 30.