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NEF, NOUB, NOUM.

(cnèph, cnouphis, cnoubis, chnoumis, agathodæmon.)
Planche 3 bis

Les Égyptiens adoraient, sous le nom d’Ammon-Cnouphis, ou d’Ammon-Chnoubis, l’Esprit incréé, la grande Ame de l’Univers, de laquelle émane le principe intellectuel qui communique le mouvement et la vie à tous les êtres créés. Par le nom d’Amon (Ammon), on exprimait l’incompréhensibilité de son essence ; et par les noms de Hnèf et Hnoub, que les Grecs ont écrits Cnèph, Cnouphis, ou Chnoubis, mots qui se rapportent évidemment aux racines égyptiennes NÈF, NÈB, NIFE et NIBE, Flare, Afflare, Πνεῖν, on voulait indiquer que cet Être inconnu et caché était l’Esprit (Πνεῦμα) qui anime et conserve le Monde.

Cet être primordial reçut le surnom de Bon Génie (Ἀγαθὸς Δαίμων), et on le représenta symboliquement sous la forme d’un serpent[1]. Horapollon, confirmant le témoignage d’Eusèbe, nous apprend aussi qu’un serpent entier (ὁλόκληρον ὄφιν), était l’emblême de l’Esprit qui pénètre toutes les parties de l’Univers[2].

Les archéologues ont cru jusqu’ici que le serpent, emblême du Bon Génie Cnouphis, était ce reptile remarquable par la dilatation de son corps, qui décore la coiffure des dieux et des rois, et se montre si fréquemment dans les sculptures égyptiennes, soit groupé avec d’autres symboles, soit isolé et ayant la tête ornée de diverses coiffures ; mais cet aspic, qui n’a rien de commun avec le serpent du Bon Génie, porta chez les Égyptiens le nom d’Οὐραῖος (Ouraios)[3], mot qui, dépouillé de la finale que les Grecs y ont ajoutée en le transcrivant, contient, sans aucun doute, le mot égyptien OURO, Roi ; c’est pour cela que cet aspic fut en même temps l’emblème et l’insigne de la Puissance royale ; aussi

  1. Eusèbe, Préparat. Evangél., liv. I, chap. 10.
  2. Hierogl., liv. I, §. 64.
  3. Horapollon, liv. I, no 1.