Cette dénomination établissait donc des rapports directs entre Haröeri et Hôr ou Harsiesi, c’est-à-dire Horus fils d’Isis et d’Osiris ; l’on était Horus l’aîné, l’autre Horus le jeune ; aussi les Grecs ont-ils d’habitude confondu ces deux divinités l’une avec l’autre. Ils ne les distinguent que très-rarement, et cependant Haröeri occupait un rang supérieur à celui d’Horus car, selon les mythes sacrés, il était né avant ce dernier, quelque tradition que l’on veuille adopter d’ailleurs relativement au dieu et à la déesse dont il fut engendré.
D’après un certain récit Haröeri serait un frère d’Horus, né du même père et de la même mère : « Isis et Osiris, racontait-on, étant amoureux l’un de l’autre devant qu’ils fussent sortis du ventre de Rhéa, couchèrent ensemble à cachettes, et disent aucuns qu’Aroueris naquit de ces amourettes-là[1] ».
Une autre tradition voulait qu’Aröeris fût le fils du Soleil et de Rhéa[2].
Enfin, selon Diodore de Sicile, l’Apollon égyptien naquit du dieu Cronos (Saturne) et de la déesse Rhéa[3].
C’est la dernière de ces trois généalogies que les monuments égyptiens originaux confirment de la manière la plus précise. On lit plusieurs fois en effet, à côté d’images en pied du dieu Haröeri, dans le grand temple d’Ombos, la légende suivante (lég. no 5), dont voici la transcription en саrасtèrеѕ coptes : ϩⲁⲣⲱⲙⲣⲓ ⲡⲛⲏⲃ (ⲛ) ⲥⲁⲣⲏⲥ ⲡⲥⲓ (ⲛ) ⲥⲃ ⲙⲓⲥⲑ ⲛⲛⲧⲫⲑ ⲡⲛⲧⲣ ⲛⲁⲁ : Haröeri le seigneur de la région du Midi Fils de Sèv (Saturne) né de Natphé (Rhéa), dieu grand[4]
Ainsi à Ombos le dieu Haröeri était considéré comme frère d’Osiris et d’Isis. Sa mère Natphé le mit au monde le second jour épagomène, c’est-à-dire dans le deuxième des jours complémentaires ajoutés à l’année de 360 jours. Cette tradition qui d’abord nous a été conservée par Diodore de Sicile et par l’auteur du Traité d’Isis et d’Osiris, se trouve constatée par une série de tableaux que j’ai découverte dans les restes du petit temple d’Ombos : chacun de ces tableaux est relatif à l’un des jours épagomènes, et le second représente le dieu Haröeri en pied avec la légende (no 6), dont voici la transcription copte : ⲡⲧⲓⲟⲩ ϩⲟⲟⲩ ⲑⲩⲛⲧⲡⲑ ⲧⲑⲣⲟⲙⲡⲑ (ⲟⲓⲛ).