Ce dieu, créateur des sciences et des arts, est très-souvent figuré sous la forme même d’un cynocéphale dans les bas-reliefs symboliques et les peintures des rituels funéraires ; notre planche 30 (F), calquée sur un des plus beaux manuscrits hiéroglyphiques du cabinet du Roi, offre un exemple curieux de cette particularité ; la seconde scène peinte de ce rouleau, présente l’image de la défunte à laquelle se rapporte le manuscrit, en acte d’adoration, auprès d’un autel chargé d’offrandes, devant un cynocéphale. L’animal sacré est assis sur une sorte de piédestal couvert d’un tapis et placé sur un traîneau ; il tient dans sa main gauche une palette d’écrivain sur laquelle sont attachés des pinceaux ou des roseaux, et absolument semblable à ces palettes, soit en bois, soit en pierre, qu’on a récemment découvertes dans les catacombes de l’Égypte ; et la main droite du cynocéphale est élevée vers la défunte en signe de protection.
Les inscriptions hiéroglyphiques tracées au dessus des deux personnages qui composent cette scène remarquable, ne laissent aucun doute sur le sens que nous devons y attacher : On lit près de la tête de la défunte : Acte d’adoration fait par l’osirienne dame dévouée à Amon-Ra roi des dieux, Tentamon ; et vers la tête du cynocéphale : Thoth Seigneur des divines écritures. Il est évident que l’égyptienne Tentamon supplie le dieu Thoth, manifesté sous la forme même de son animal sacré, de lui être favorable dans la terrible épreuve qu’elle va subir, l’examen de ses bonnes et mauvaises actions sur la terre, pesées dans l’équitable balance de l’Amenté : cette épreuve est, en effet, représentée dans la scène qui suit immédiatement celle que nous venons de décrire.
Les figures du cynocéphale, en terre émaillée, en pierre ou en bronze, sont très-communes, le culte du dieu dont il était l’emblême étant très-répandu dans toutes les préfectures de l’Égypte.