Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

THOTH PSYCHOPOMPE,

LE SECOND HERMÈS DANS L’AMENTÉ.
Planche 30 (C)

Le Thoth égyptien ibiocéphale, compagnon fidèle d’Osiris tant que ce dieu resta dans le monde pour adoucir les mœurs des hommes, n’abandonna point ce dieu lorsque, ayant terminé sa mission sur la terre, il alla établir son tribunal et sa demeure dans l’Amenté (l’enfer des Égyptiens), lieu où se réunissaient les ames pour rendre compte de leur conduite, et d’après le résultat de cet examen, être réparties dans les diverses régions célestes, ou rentrer dans des corps matériels en expiation de leurs fautes. Thoth fut, après Osiris, le premier personnage de ce lieu terrible, où les destinées des ames étaient réglées à chacune de leurs transmigrations sous forme humaine. Les peintures qui décorent les manuscrits funéraires, les cercueils et enveloppes des momies, et les bas-reliefs des catacombes de l’Égypte, ne permettent aucun doute à cet égard ; tout nous montre le dieu Thoth remplissant auprès des ames, diverses fonctions qui l’assimilent complètement à l’Hermès Psychopompe des Grecs.

Le dieu à tête d’Ibis est en effet représenté dans les scènes mythiques peintes sur les enveloppes des momies et relatives au jugement de l’ame, conduisant par la main le défunt ou plutôt son ame figurée sous les apparences du corps qu’elle vient de quitter, devant la balance infernale, ou aux pieds du trône d’Osiris dominateur de l’Amenté. J’ai reconnu cette scène sur plusieurs momies, sur deux entre autres, dont l’une appartient au cabinet du Roi, et l’autre à la précieuse collection de M. Durand.

Souvent aussi le dieu Thoth semble instruire les ames et les préparer à l’effrayante épreuve qu’elles ont à subir, leurs actions allant être pesées dans l’équitable balance de l’Amenté. Ce sujet est figuré en grand sur un des bas-reliefs du tombeau royal du pharaon Phtah-ousireï-mèn, découvert à Thèbes par le célèbre voyageur Belzoni dont la perte récente, au moment même où il allait décider le plus important des problèmes relatifs à la géographie de l’Afrique intérieure, sera à jamais regrettable et vivement sentie par tous ceux qui accordent une estime bien