contrer un monument où les attributions de la déesse Souan fussent plus clairement caractérisées.
Cette divinité qui, dans les hymnes orphiques, est qualifiée des titres de Θηλειῶν σώτειρα, Μόνη φιλόπαις, Ὠκυλόχεια, Libératrice des Femmes, Amie des enfants, Accélératrice de l’accouchement, et de Δαίμων πολυώνυμε, Génie à plusieurs noms, se montre sur les monuments égyptiens sous des apparences souvent très-variées. Mais le nom de Souan, tracé en hiéroglyphes phonétiques à côté de ses images souvent monstrueuses, ne permet point de douter que ce ne soient là des formes symboliques sous lesquelles l’ancienne Égypte adorait aussi cette grande déesse.
On trouvera sur notre planche 28 (A) (cette figure est tirée d’un cercueil de la collection de M. Thedenat) l’Ilithya égyptienne représentée, non avec une tête humaine comme sur la planche précédente, mais avec celle de son oiseau sacré, le vautour, signe perpétuel des idées mère et maternité dans les textes hiéroglyphiques et dans les anaglyphes ou bas-reliefs emblématiques. Les chairs de la déesse sont toujours vertes, et sa coiffure est ornée d’un diadème ou de longues bandelettes. Ainsi, cette divinité emprunte la tête de l’animal sous la forme duquel elle reçut un culte particulier dans le nome de la Thébaïde qui lui fut spécialement consacré, et dont la ville capitale porte chez les Anciens le nom même de la déesse. Il eût été important de vérifier si les bas-reliefs dont est décoré le temple existant encore dans les ruines d’El-Kab (la ville d’Ilithya), montrent aussi cette divinité gypocéphale ; mais ni la Commission d’Égypte, ni les autres voyageurs n’ont dessiné jusqu’ici aucun de ces tableaux religieux : leur attention a toujours été absorbée par les peintures des grottes voisines.
Jablonski, toujours préoccupé de son système de ne voir dans les dieux de l’Égypte que des emblèmes des divers phénomènes astronomiques, a cru que l’Ilithya égyptienne ne fut point une divinité distincte de Bubastis[1]. Mais il n’a pas assez remarqué sans doute que Diodore de Sicile nomme Ilithya parmi les plus anciens personnages mythiques adorés en Égypte, Αρχαιοι Θεοι[2], expression qui, dans Diodore, indique, comme dans le texte d’Hérodote, les premiers nés