Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

SEVEN, SAOVEN ou SOVAN.

(ilithya, junon-lucine.)
Planches 28, 28 (A), 28 (B)

Parmi les plus anciennes divinités adorées par les Égyptiens, Diodore de Sicile nous fait connaître une déesse qu’il désigne sous le nom purement grec d’Είλειθυία[1] : c’est le personnage mythologique nommé Lucine ou Junon-Lucine par les Romains. Quelle que soit la défiance avec laquelle nous devions adopter les assimilations multipliées que les Grecs ont faites de leurs divinités nationales avec celles qu’on adorait en Égypte, et qu’ils ont presque toujours désignées par des noms grecs, il ne faut cependant pas négliger de recueillir leurs assertions, parce qu’elles peuvent nous aider à faire des distinctions importantes, et surtout à établir une sorte d’ordre et de classification dans le nombre si considérable d’êtres mythiques dont les monuments égyptiens nous offrent les images.

L’existence d’une cité égyptienne nommée Ειληθυιά πολισ[2], ville d’Ilithya, par toute l’antiquité grecque, et Lucinæ oppidum[3] par les écrivains latins, prouve d’ailleurs que les Égyptiens rendaient un culte spécial à une divinité dont les attributions eurent des rapports assez marqués avec celles des déesses Ilithya et Lucine qui, chez les Grecs et les Romains, présidaient aux travaux de l’enfantement. Cette ville était située dans la Haute-Égypte, au midi de Thèbes.

Si nous en croyons Plutarque qui s’étaye de l’autorité de Manéthon[4], c’est dans ce lieu même que l’on immolait, sans doute en l’honneur de la déesse, les hommes dits Typhoniens (Τυφωνίους), et que leurs cendres étaient jetées au vent ; mais il me semble probable que le philosophe de Chéronée transporte par erreur à Ilithya la scène de ces sacrifices barbares que, selon Manéthon[5], le pharaon Amôsis (celui qui chassa

  1. Diodore de Sicile, liv. I, § 12.
  2. Voyez mon Égypte sous les Pharaons, t. I, p. 179.
  3. Idem.
  4. Plutarque, Traité d’Isis et d’Osiris.
  5. Porphyre, De Abstinentiâ, lib. II.