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SÈB ou SEV.

(cronos, saturne.)
Planche 27 (I)

Nous avons déja fait connaître les formes variées du dieu Sovk, Sévek, Sébék, Sékeb, qu’honoraient spécialement les habitants du nome Ombite, ainsi que les relations marquées de ce personnage mythique avec le temps en général et le cours du Soleil en particulier : Sévék, identifié avec cet astre sous un certain point de vue, appartenait à la classe des dieux célestes : c’était la forme primordiale du Saturne égyptien qui, par son incarnation sur la terre, revêtant des formes matérielles, devint une des divinités de la troisième classe, celle des dieux terrestres (ἐπιγείους) issus des dieux célestes. Le Saturne égyptien, dieu incarné, l’un des dynastes qui, disait-on, avait régné sur l’Égypte dans les temps primitifs et avait laissé le trône à ses enfants Osiris et Isis, prenait le nom de Sév, Siv ou Sèv, et celui de Kèb ou Kév (lég. no 6) ; ce qui, dans les monuments originaux, distingue habituellement la forme terrestre ou secondaire de la forme céleste ou primordiale adorée sous les noms de Sévék et Sékeb. Les légendes hiéroglyphiques sculptées à côté des images de Sévék dans le grand temple d’Ombos, constatent fréquemment du reste l’identité d’essence de ces deux formes divines.

L’orthographe du nom propre du Saturne terrestre varie d’un monument à l’autre, et souvent aussi dans une même inscription. Ce nom étant phonétique, se compose de l’œuf et de la jambe (lég. no 2), ou de l’oie et de la jambe (lég. no 3), ce qui donne les éléments ⲥⲃ, ⲥⲩ, ⲥⲟⲩ. D’un autre côté on l’exprimait symboliquement par l’image d’une étoile suivie du déterminatif figuratif (lég. no 4) ou symbolique (lég. no 5) des noms propres de divinités. Le rapprochement de ces deux noms nous conduit naturellement à la prononciation du nom phonétique : si l’on considère en effet que l’étoile, ⲥⲓⲟⲧ, siou en langue égyptienne, fut l’emblème spécial du temps[1], et que le mot temps, dans cette même langue, ⲥⲏⲩ, sèv ou siv en dialecte thébain et ⲥⲏⲟⲩ, séou ou siou en dialecte memphitique, offre avec le mot ⲥⲓⲟⲩ, (siou) étoile, une grande analogie d’orthographe et de prononciation, on comprendra d’autant mieux la présence de l’étoile dans le nom symbolique du Saturne égyptien, et nous reconnaîtrons l’ancienne orthographe

  1. Άστήρ παρ’Αίγυπτίοις γραφόμενος… σημαίνει ΧΡΟΝΟΝ. Horapollon, liv. II, § 1.