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ATMOU, OTMOU, TMOU.

(héron.)
Planches 26, 26 (A), 26 (B), 26 (C)

Malgré les profondes recherches et la vaste érudition de P. E. Jablonsky, le siècle dernier ne put se former une idée claire du système religieux de l’ancienne Égypte. Ce savant avait pris pour guides les écrivains grecs et latins qui parlaient, occasionnellement, des mythes sacrés et des croyances jadis en vigueur dans les sanctuaires de Thèbes et de Memphis. Il crut possible, avec le seul secours des notions rares, partielles, et isolées les unes des autres, que fournissent ces auteurs, de recomposer un tableau complet de la théogonie égyptienne. Mais sans noter ici les erreurs commises, soit dans le rang assigné à certaines divinités, soit dans leur ordre généalogique, ou même en déterminant leurs attributions spéciales, nous remarquerons surtout que les monuments égyptiens font connaître une foule de personnages mythologiques et présentent une nombreuse série de noms divins dont on chercherait vainement la trace dans les écrivains classiques : cette observation s’applique très-particulièrement au dieu représenté sur les planches 26, 26 (A), 26 (B), 26 (C) de ce recueil.

Que ce personnage ait occupé un rang distingué dans le panthéon de l’ancienne Égypte, et qu’il ait appartenu à l’une des plus hautes classes de divinités, ce sont là des faits mis hors de toute discussion par la fréquence des images de ce dieu sur les monuments des divers ordres, et par celle des invocations qui lui sont adressées dans le grand Rituel des morts ou livre de la manifestation à la lumière[1], ainsi que dans les tableaux et les stèles d’adoration.

Le nom de ce dieu a été diversement orthographié dans les manuscrits hiéroglyphiques et hiératiques, comme dans les inscriptions gravées sur les temples et les monuments funéraires. On a recueilli toutes ses variations pl. 26 (A) (nos 1, 2, 3 et 4), et pl. 26 (C) (nos 3, 4, 5, 6 et 7). La forme la plus simple (pl. 26 (C), nos 6 et 7) se trouve constamment reproduite dans tous les textes hiératiques, sans aucune modification, telle qu’on la donne ici pl. 26 (A), no 4. Réduit ainsi à ses véritables éléments, ce nom, composé des signes phonétiques ou , et , suivis parfois du signe de la voyelle ⲟⲩ[2], se prononçait ⲇⲧⲙⲟⲩ ou bien ⲟⲧⲙⲟⲩ, et par abréviation ⲧⲙⲟⲩ ; car

  1. Voyez la partie de ce livre sacré hiéroglyphique gravée dans la Description de l’Égypte, A., vol. II, pl. 72, colonnes 21, 103, 34 ; pl. 73, col. 81 ; pl. 74, col. 33 ; pl. 75, col. 110, 100, 125, 97, 94.
  2. Voyez la légende du dieu sur notre planche 26 et pl. 26 (A), no 4.