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DJOM, DJEM, ou GOM.

(l’hercule égyptien.)
Planche 25

Les Grecs connurent trois personnages mythiques du nom d’Hercule ; le plus moderne vécut peu de temps avant la guerre de Troie : c’était le fils d’Alemène et le petit-fils d’Alcée[1] ; le second était l’Hercule crétois[2] ; et le plus ancien de tous fut l’Hercule égyptien, dont les travaux et les exploits ont été attribués par les Grecs à leur héros national, né à Thèbes de Béotie[3]. Hérodote, qui convient n’avoir jamais entendu parler dans aucun endroit de l’Égypte de cet Hercule si connu des Grecs[4], nous a transmis de précieux détails sur l’Hercule égyptien.

« Hercule, dit-il, est un dieu très-ancien chez les Égyptiens, et, comme ils l’assurent eux-mêmes, il est du nombre de ces douze dieux qui sont nés des huit premiers dieux, 17000 ans avant le règne d’Amasis[5]. » Diodore de Sicile est d’accord, à cet égard, avec le père de l’histoire, lorsqu’il avance que l’Hercule égyptien parut, dès le premier établissement de la race humaine sur la Terre, époque depuis laquelle les Égyptiens, assure-t-il, comptaient bien plus de 10000 ans[6]. Ce dieu rendit la Terre habitable, en la délivrant des animaux féroces[7]. Ainsi, l’Hercule égyptien était un dieu de la seconde classe qui se composait de douze divinités émanées des huit grands dieux de la première, parmi lesquels Ammon-Chnouphis, Néith, Phtah, Mendès et Phré, occupaient les principaux rangs. Il paraît, comme on le verra dans la suite, que les dieux de la seconde classe ne furent, pour la plupart, que des parèdres de ceux de la première que nous venons de nommer.

Le culte d’Hercule était très-répandu en Égypte, et remontait aussi, selon Macrobe, à l’antiquité la plus reculée ; ce personnage mythique était considéré comme l’emblême de la Force Divine, Virtus Deorum ; et on lui attribuait, ainsi qu’on le fit en Grèce, la défaite des géants ennemis des dieux[8]. Nous apprenons enfin par Plutarque, dans son

  1. Diodore de Sicile, Biblioth. Histor., lib. III, p. 208, C.
  2. Idem, ibidem.
  3. Idem, p. 207, C, et 208 ; et lib. I, p. 21.
  4. Hérodote, lib. II, §. XLII et CXLV.
  5. Idem, ibidem.
  6. Diodore de Sicile, Biblioth. Histor., lib. I, p. 21, D.
  7. Idem, p. 21, A.
  8. Macrob., Saturn., lib. I, cap. 20.