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L’ÉPERVIER,

EMBLÊME VIVANT DE PHRÉ (LE SOLEIL).
Planche 24 (D)

Parmi les images d’animaux sacrés, figurées sur les monuments égyptiens de toutes les époques, celles de l’épervier sont, sans aucun doute, les plus multipliées ; et cela vient de ce que cet oiseau fut à la fois l’emblême de plusieurs divinités différentes. Aussi le trouve-t-on représenté au revers des médailles de neuf des Nomes de l’Égypte, soit seul, soit placé sur la main d’un grand nombre de personnages mythiques dont les attributions furent cependant bien distinctes. Mais alors l’épervier porte toujours des insignes particulières, lesquelles caractérisent, d’une manière très-précise, chacune des divinités dont il devient successivement le symbole.

Selon les préjugés populaires, cet oiseau affectionnait particulièrement l’Égypte, et si nous écoutons Ælien, « les Égyptiens choisissaient deux éperviers pour les envoyer observer les îles désertes de la Libye ; les Libyens célébraient ce voyage par une fête, et les deux oiseaux se fixaient dans celle des îles qui leur paraissait la plus convenable ; là, ils faisaient leurs petits en sûreté, chassaient aux moineaux et aux colombes ; enfin, lorsque leurs petits étaient assez forts pour voler, ils les reconduisaient en Égypte comme dans leur véritable patrie[1]. » On savait aussi que cet oiseau est susceptible de s’attacher par les bienfaits ; les Égyptiens les captivaient par la douceur des mets ; ainsi apprivoisés, les éperviers devenaient très-familiers et ne faisaient jamais de mal à ceux qui leur avaient prodigué de si bons traitements[2]. Ils rendaient d’ailleurs, disait-on, de véritables services à l’homme en détruisant les cérastes, les scorpions et autres petites bêtes venimeuses[3].

C’est à cause de ces bienfaits envers la terre d’Égypte qu’il purgeait du reptile le plus dangereux, et parce que l’on citait la fécondité et la longévité de cet oiseau, qu’il devint d’abord pour les Égyptiens le signe

  1. Ælian., de Naturâ animal., lib. II, cap. 43.
  2. Idem., lib. IV, cap. 44.
  3. Euseb., Præpar. Evangel., lib. II, §. 1.