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RÉ, RI, PRÉ, PHRÉ, ou PHRI.

(hélios, le soleil.)
Planche 24

Le dieu suprême Ammon-Cnouphis, et son fils, le dieu Phtha, ou Phtah, occupaient les deux premiers rangs parmi les personnages mythiques de la théologie égyptienne ; car Néith, émanation d’Ammon, ne formait, au fond, qu’un seul Être avec le Premier Principe qui l’avait manifestée. Ammon et Phtah régnaient dans le monde intellectuel, dans le monde supérieur ; un Être, moins ancien que les deux autres, gouvernait l’univers matériel, le monde physique : c’était Phré, ou le Dieu-Soleil.

Cet Être divin, l’Œil du Monde et l’Ame de la Nature[1], était fils de Phtha[2], l’Intelligence active qui organisa l’Univers ; Phré régna après son père : c’est le second des dynastes de l’Égypte.

Les représentations de Phré sont très-multipliées dans les sculptures des grands monuments. Il s’y montre sous une forme humaine ; mais avec une tête d’épervier, surmontée d’un disque, habituellement peint de couleur rouge ; c’est l’image du disque solaire. Les Égyptiens donnaient à ce dieu une tête d’épervier « Parce que cet animal est fécond et de longue vie ; il semble, plutôt que tout autre volatile, devoir être l’emblême du Soleil ; car, doué, par la Nature, d’une puissance particulière et occulte, il tient ses yeux fixés sur les rayons de cet astre ; c’est pour cela que le Soleil ; considéré comme le Seigneur de la Vision, est ordinairement représenté Hiéracomorphe (sous une forme d’épervier) » [3].

Cette planche nous offre, en effet, le dieu avec une tête d’épervier ; le disque placé sur sa tête est entouré corps du Serpent uræus, emblême de la puissance suprême, et qui rappelle le règne du dieu avant les dynasties humaines. Cette belle image de Phré est tirée d’un des bas-reliefs du tombeau royal découvert, à Thèbes, par M. Belzoni.

  1. Iamblique, Mystères des Égyptiens.
  2. Manéthon, cité par Georges le Syncelle, Chronograph.
  3. Horapollon, Hieroglyph., liv. I, §. 6.