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TPÉ, TPHÉ, ou TIPHÉ.

(uranie, la déesse ciel.)
Planche 20 (B)

Le système mythologique des Égyptiens, quoique comprenant un nombre fort considérable de personnages susceptibles, pour la plupart, de revêtir plusieurs formes très-différentes, fut si bien ordonné, et la classification des dieux y est tellement fixe et invariable, que le petit nombre de monuments originaux renfermés dans les collections publiques et particulières, étudiés avec soin, suffit pour conduire à des résultats certains ; et leur comparaison, faite sans préjugé systématique, mène à des distinctions successives, par lesquelles on reconnaît toutes les différentes formes, le rang, le degré d’importance et les fonctions de chaque divinité égyptienne. Ce qu’un monument présente de vague et d’obscur est pleinement éclairci par un autre. S’il pouvait, par exemple, rester quelques doutes sur l’expression emblématique de la déesse figurée sur nos planches précédentes (20 et 20 (A)), ils seraient entièrement levés par un simple coup d’œil sur notre planche 20 (B).

Cette curieuse représentation de la déesse Tpé, ou le Ciel personnifié, existe parmi les peintures d’un beau manuscrit hiéroglyphique, rapporté d’Égypte par M. Thédenat, et acquis par le Cabinet du Roi,

Le corps de la déesse est disposé comme dans tous les bas-reliefs astronomiques ; mais il est, de plus, entièrement couvert d’étoiles ; sa coiffure n’a rien de particulier, et sa face est peinte en jaune, couleur affectée aux femmes dans les peintures égyptiennes ; la disposition générale du corps se rapproche bien mieux ici, que sur les bas-reliefs astronomiques, de cette forme sémi-circulaire que l’erreur de nos sens nous fait attribuer à ce que nous nommons la voûte céleste.

Deux barques symboliques parcourent le Ciel, figuré par le corps étoilé de la déesse ; l’une, placée sur les parties inférieures de ce corps, monte, en se dirigeant des pieds vers la tête, comme l’indique le sens dans lequel est tournée la face du personnage principal, assis dans la barque, ou bari sacrée. À sa tête d’épervier, surmontée du disque,