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Dans la théologie égyptienne, Amon, dont le nom signifiait occulte ou caché, suivant l’égyptien Manéthon, était le premier et le chef des dieux[1], l’esprit qui pénètre toutes choses[2], l’esprit créateur procédant à la génération et à la mise en lumière des choses cachées[3].

La légende hiéroglyphique qui accompagne ordinairement les représentations de cet être divin, est celle que porte notre gravure, et qui signifie, dans son entier, Amon-ré, seigneur des trois régions du monde, seigneur suprême ou céleste.

Amon ou Amon-Ré fut la principale divinité des Éthiopiens, des Égyptiens, et des peuples de race éthiopienne ou égyptienne, qui habitèrent la Libye aux plus anciennes époques ; les siéges principaux de son culte furent Méroé, en Éthiopie ; l’oasis de Syouah, dans la Libye ; et, en Égypte, Thèbes, la première capitale de l’empire. Les images du dieu Amon couvrent les magnifiques monuments de cette ancienne cité, qui, dans la théologie Égyptienne, s’appelait même la ville d’Amon, nom que les Grecs ont assez fidèlement traduit en leur langue par Diospolis, la ville de Zeus ou de Jupiter. C’est à Amon ou Amon-Ré que sont, en effet, dédiés les principaux édifices religieux de Thèbes. Son image occupe le pyramidion ou le sommet des plus grands obélisques égyptiens, tels que ceux de Louqsor et de Karnac, et le haut de ces superbes monolithes, ouvrages des anciens pharaons, que les Romains transportèrent dans leur ville, dont ils sont devenus les plus beaux ornements ; les bas-reliefs, qui décorent les murs intérieurs ou extérieurs et les colonnes des temples et des palais de Thèbes, nous montrent le grand dieu Amon recevant les prières et les offrandes des rois ; les pharaons présentés à cette divinité suprême par le dieu Phré (le Soleil), ou bien par le dieu Mars égyptien et le dieu Phré ; Amon donnant aux héros du pays le signe de la vie divine, en les élevant ainsi au rang des dieux ; les rois vainqueurs conduisant les prisonniers au pied du trône du dieu, pour lui en faire hommage ; enfin, dans leurs légendes, les pharaons prirent les titres d’enfant d’Amon, de chéri d’Amon roi des dieux, et d’approuvé par Amon.

  1. Plutarque.
  2. Théodoret.
  3. Iamblique.