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même où les armées persanes s’ébranlaient pour fondre sur l’Égypte.

À peine monté sur le trône que lui laissait son père, Psammétik III nommé aussi Psamménis dut courir à Peluse (Thinéh ou Farama), la plus forte des places de l’Égypte du côté de la Syrie ; là il rassembla tout ce qui lui restait de la caste militaire égyptienne et les troupes étrangères qu’il avait à sa solde ; les Perses, sous la conduite de leur roi Cambyse, fils de Cyrus, favorisés par les Arabes, traversent sans obstacle le désert qui sépare la Syrie de l’Égypte ; et cette immense armée se rangea en face des Égyptiens, campés sous les murs de Peluse.

Le combat fut long et terrible ; à la chute du jour les Égyptiens plièrent, accablés sous le nombre ; Cambyse vainquit, et l’indépendance nationale de l’Égypte fut à jamais perdue.

Les Perses poursuivirent leurs succès et prirent Memphis d’assaut ; cette capitale fut livrée au pillage ; la nation persane, encore barbare, porta de tous côtés la destruction et la mort. Thèbes fut saccagée, ses plus beaux monuments démolis ou dévastés ; la population, courbée sous un joug tyrannique, fut livrée à la discrétion des satrapes ou gouverneurs établis pour les rois de Perse. Les arts et les sciences disparurent presque entièrement de ce sol qui les avait vus naître.