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L’Égypte, depuis cinq ans, n’a pas vu de peste ; l’état sanitaire de Latakié était parfait ; le canot seul avait touché terre ; quarante jours et plus s’étaient écoulés, à notre entrée en rade de Toulon, depuis le départ de l’Astrolabe de devant Latakié ; aucune maladie ne s’était montrée à bord ; vingt autres jours de quarantaine à Toulon, expirés hier 13, ajoutés aux quarante précédents, donnent deux mois d’épreuve à la santé de l’équipage ; et quand même, on en exige encore dix de plus ! Le plus plaisant, s’il y a le mot pour rire dans un tel acte, c’est que le brick l’Éclipse, avec les officiers et les passagers duquel nous avons vécu tous les jours bras dessus bras dessous à Alexandrie, est arrivé trois jours avant nous à Toulon, et n’a été soumis qu’à vingt jours de quarantaine. Si nous avions la peste, les personnes de l’Éclipse doivent l’avoir prise de nous ; s’ils sont déclarés sains, c’est que nous le sommes nous-mêmes. Tout cela ne m’a pas semblé très-rationnel, surtout quand il en résulte un supplément de quarantaine.

Je vais écrire à M. le duc de Blacas, puisqu’il est de retour à Paris. J’espère qu’il aura reçu les deux lettres que je me suis fait un devoir de lui adresser, la première de Thèbes, en remontant le Nil, et la seconde après avoir quitté la seconde cataracte ; je donne dans celle-ci une idée géné-