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longue visite à Ibrahim-Pacha, qui nous a reçus au mieux. Je l’ai beaucoup entretenu d’un voyage aux sources du Nil, et j’ai affermi en lui l’idée qu’il avait déjà, d’attacher son nom à cette belle conquête géographique, soit en favorisant largement les voyageurs qui la tenteraient, soit en préparant lui-même une petite expédition de voyageurs qu’il ferait soutenir par quelques hommes d’armes. C’est là une semence jetée en bonne terre pour l’avenir, et le pacha comprend tout l’intérêt de cette entreprise et de son succès.

J’ai aussi présenté mes respects au vice-roi Mohammed-Aly, et lui ai dit toute notre gratitude pour la protection officieuse qu’il nous a accordée ; le vice-roi est toujours bon et aimable pour les Français : c’est dire qu’il l’a été infiniment pour nous.

Je profite de l’attente à laquelle je suis condamné pour mettre en ordre mes papiers et dessins. Je dis que c’est immense, et j’espère que vous en jugerez de même.

Mes jeunes gens passent leurs loisirs forcés à peindre des décorations pour un théâtre que des amateurs français vont ouvrir incessamment ; un théâtre français à Alexandrie d’Égypte dit bien haut que la civilisation marche : nous serons donc forcés de nous divertir en attendant l’embarquement.