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pieds de long, trente de hauteur et soutenu par dix colonnes dont le fût se compose d’un faisceau de tiges de lotus, et le chapiteau des boutons de cette même plante tronqués pour recevoir le dé. Cet ordre, qui n’est point particulier aux constructions civiles, puisqu’on le retrouvait dans le temple de Chnouphis à Éléphantine et dans un temple d’Éléthya, tous deux très-récemment détruits par la barbare ignorance des Turcs, appartient, sans aucun doute, aux vieilles époques de l’architecture égyptienne, et ne le cède, sous le rapport de l’antiquité, qu’aux seules colonnes cannelées, semblables au vieux dorique grec, dont elle sont le type évident, et que l’on trouve employées presque exclusivement dans les plus anciens monuments de l’Égypte.

Sur les quatre faces du dé des chapiteaux du portique existent, sculptées avec beaucoup de recherche, les légendes royales de Ménephtha Ier, ou celles de Rhamsès-le-Grand. Les noms et les prénoms de ces deux Pharaons sont également inscrits sur le fût des colonnes, mais accolés ensemble et renfermés dans un tableau carré.

Le rapprochement de ces deux noms royaux trouve son explication naturelle dans la double légende dédicatoire qui décore l’architrave du portique sur toute sa longueur. Cette inscription est ainsi conçue :