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il l’est bien moins encore que ce palais fût une des plus étonnantes merveilles de la vieille capitale. Des fouilles en grand, exécutées par un Grec nommé Iani, ancien agent de M. Salt, ont mis à découvert une foule de bases de colonnes, un très-grand nombre de statues léontocéphales en granit noir ; de plus, deux magnifiques sphinx colossals et à tête humaine, en granit rosé, du plus beau travail, représentant aussi le roi Aménophis III. Les traits du visage de ce prince, portant ici, comme partout ailleurs, une empreinte de physionomie un peu éthiopienne, sont absolument semblables à ceux que les sculpteurs et les peintres ont donnés à ce même Pharaon dans les tableaux des stèles du Memnonium, dans les bas-reliefs du palais de Louqsor, et dans les peintures du tombeau de ce prince dans la vallée de l’Ouest à Biban-el-Molouk ; nouvelle et millième preuve que les statues et bas-reliefs égyptiens présentent de véritables portraits des anciens rois dont ils portent les légendes.

A une petite distance du Rhamesséion existent les débris de deux colosses en grès rougeâtre : c’étaient encore deux statues ornant probablement la porte latérale nord de l’Aménophion ; ce qui peut donner une juste idée de l’immense étendue de ce palais, dont il reste encore de si magnifiques vestiges. Je ne me suis nullement oc-